Noû-Bleû, par l'opération du Saint Esprit


En ce lundi de Pentecôte 2019, alors que nous avions toujours quelques retards topo à lever au Noû-Bleû, que par ailleurs nous ne savons plus trop par quel bout le prendre pour tenter de trouver la suite amont, j'avais sollicité notre chef topo Steph pour aller revoir à l’extrême amont un petit réseau chaotique perché en rive droite de la salle de la Pècheresse. En cie de Mathieu qui avait réalisé la délicate varappe de la cheminée et franchit une étroiture instable verticale, nous avions lors des débuts de l'exploration jugé le chaos, sans suite évidente, inintéressant, surtout au vu de tout ce qu'il nous restait à voir à l'époque.
Outre y faire aujourd'hui le bout de topo manquant, il ne me semblait pas inutile de revoir ça avec un autre œil.

Dans la même optique, et parce que Frits et Cédric étaient libres, c'était l'occasion de les orienter sur un autre endroit qui méritait d'être revu, en l’occurrence le sommet de l'escalade réalisée entre la Maredsous et la salle des Botteresses. Une pente très raide, glissante, faite d'éboulis et de terre que Benoit avait eu bien du mal à franchir. En haut, un petit point d'interrogation subsistait mais l'idée de l'atteindre avait été abandonné vu l'instabilité de la traversée à réaliser. Et encore une fois, parce que d'autres choses méritaient d'être vues avant. Puis le temps a passé. Il fallait qu'on revoit ça.

Nous avons donc formé deux équipes. Assuré par Steph, j'ai alors refait la courte escalade, franchit cette saloperie de rétrécissement craignos à son sommet et équipé au plus simple le truc d'une corde, pour enfin faire les quelques visées dans cet affreux recoin de la grotte.

Sauf que... en pointant le distox vers le sommet de l'unique paroi saine, celle qui alimente d'un petit pipi la cheminée, nous avons aperçu une discrète petite lucarne. Comme à mon habitude, un petit cri pour me rendre compte de l'acoustique et ... OUI, un petit écho !!! 
Qui sait ce que ça peut cacher ? Super motivant, faudra revenir avec armes et bagages ...

Sur ce temps, nos deux compères ont fini la traversée en haut du "terril". Frits n'a eu aucune peine à suivre la paroi en ménageant dans la pente un genre de vire finalement assez stable pour ne pas tout balancer 20 m plus bas. Et là, ce qu'on pouvait espérer, un départ, même deux départs ! De suite, ils comprennent que ça pourrait continuer, avec de surcroit un semblant de courant d'air.

Nous les retrouvons alors qu'ils avaient terminé l'installation d'une bonne MC et allaient venir à notre rencontre pour nous inviter à faire cette première ensemble.
Nous commençons par l'ouverture de gauche, ce qui nous semble le plus évident. C'est une cheminée très verticale qui sur une dizaine de mètre, en deux crans et un rétrécissement, nous permet de déboucher sur une petite salle de 3x3. De là, toujours à la verticale, Frits franchit la suite sur une nouvelle dizaine de mètres de haut, jusqu'à un pincement mais aussi une "craille" oblique qui laisse transpirer un léger courant d'air froid... et à une trentaine de mètres de dénivellation par rapport à l'actif. Peut-être pourrions nous tenir là l'accès à un shunt possible à la zone terminale "siphon Maredsous-salle Botteresses-boyau Jour de Chiasse" ??? Pour l'heure, ça ne passe pas et si un chantier est possible, il sera laborieux.

De retour au débouché de la vire, nous nous enfournons dans l'autre ramification. qui nous offre quelques bonnes dizaines de mètres de longueur compliqués, boueux, étroits. Vu l'enjeu, on s'acharne, on déblaye un peu, on force mais rien de transcendant de ce coté.

On en reste là, curieux de savoir comment se développe réellement ce nouveau réseau. Mais les heures ont passé, plus le temps et le courage d'entreprendre la topo de cette centaine de mètres estimés, d'autant que nous sommes maculés, engoncés dans nos néoprène par la boue.

Le temps de se nettoyer dans à la Maredsous, de refaire le parcours de la rivière, repasser les Cocognes, il est très tard quand nous refermons la porte de la grotte, ravis que le Saint Esprit soit venu à nouveau nous illuminer en ce jour de Pentecôte. !
-------------------------------------------------------------

Nous y retournons mi-juin. Tandis que Cédric fait découvrir la grotte à Alain et Aurélie de l'Astragale, je remonte au Saint Esprit en cie de Sylvain J. et Tataupe pour réaliser un équipement en fixe qui puisse permettre un accès dans les meilleures conditions possible, de manière à éviter un maximum les chutes de pierres dans le grand talus, de pouvoir gravir les deux cheminées avec du matériel et s'accrocher en sécurité au point haut. L'air de rien pas loin de 50 m de cordes et une volée d'amarrages.

En chemin, nous revoyons un petit recoin perché dans la rivière où je repère une lucarne bien dissimulée qui avait jusqu'à présent échappé à nos regards pourtant attentifs. Bien que ça ne nous apportera pas la solution à notre gros problème du terminus amont de l'actif, ça reste à voir, ne fusse que pour rajouter un petit bout à un étage supérieur connu à proximité.

---------------------------------------------------------------------------

L'été, les vacances, les expés, les voyages, les activités club, etc nous éloigneront du Noû Bleû jusqu'à la Toussaint. Du moins en explos car nous ferons encore une ou l'autre visites pour permettre à des collègues de visiter la grotte. Comme par exemple lors des Journées Speleo Dagen pour n'en citer qu'une.

Explos et guidages nous l'avons à maintes reprises constaté, ne sont pas compatibles. Pour être efficaces, il nous faut aller directement au but, sans avoir à donner des explications, surveiller, montrer un ou l'autre passage; ne pas perdre de temps et d'énergie. Ou alors désigner un guide dont le seul soucis sera en parallèle de s'occuper de deux invités maximum, quitte à leur demander un petit coup de main pour un dépôt de matos ou une petite tâche utile.

Comme en ce 11 novembre 2016. L'autorisation des carriers accordée, Robs se fera aider de Delphine (GSC) et Pauline (C7) -ravies de découvrir à leur tour le Noû Bleû- pour un petit remaniement de l'équipement de la grande Fosse et la préparation d'une future désob dans la salle Orvale.

Ce qui nous donne à Stephane P. et à moi toute la liberté de foncer en amont, un peu ralenti quand même par l'acheminement de deux étançons qui seront amenés à sécuriser plus tard "la trappe".
Et de remonter au Saint Esprit pour en lever la topo. Ce que nous pensions être une formalité s'avèrera finalement un travail ardu, inconfortable et frigorifiant; une corvée pourrait-on dire...

Mais avec quand même la satisfaction d'avoir rajouté 104 mètres de développement, ce qui porte alors le développement actuel à 3724m et place la cavité en 10ème position des plus longues de Belgique !
Avec une profondeur de +37.1m/+23.9m. En espérant que tout ça n'est que temporaire ;-)

Le nouveau plan ainsi réalisé nous aura aussi permis de voir que ce nouveau réseau du Saint Esprit ne va pas vraiment dans la direction attendue mais vu en 3D, la coupe interpelle; nous ne perdons pas espoir.
Jack












Aucun commentaire: