ANIALARRA Septembre 2012

Alors que les résultats de cette 16ème campagne interclubs sur Anialarra sont déjà en ligne sur le site Avalon depuis bien longtemps, que le rapport complet (en NL) est distribué, j'exhume mon carnet de bord et vous propose de revivre la seconde semaine du camp de septembre 2012


Vendredi 21/09 : Indécis jusqu'à quelques jours du départ ,me voici enfin prêt à rejoindre l'équipe du SC Avalon sur la Pierre où PDB, AVH, Tobias, Dago et Rudi ont déjà passés une semaine sur le secteur d'Anialarra.
Aujourd'hui, j'ai rendez-vous avec Mark qui fait le trajet avec son Jumpy tout confort. C'est GriGri qui me fait la gentillesse de me déposer avec armes et bagages dans le centre d'Antwerpen.

Départ vers 14h avec un crochet par Lokeren (qui aurait dit que je mettrais un jour les pieds dans cette bourgade du plat pays qui est le nôtre !). Nous embarquons le 3ème larron, Kris Vermeulen.
Geen problem durant le voyage, si ce ne sont les deux heures perdues sur ce putain de périf parisien que nous abordons au plus mauvais moment, ce qui nous fait une arrivée à Arette vers 4h du mat avec de surcroit le brouillard typique de la Pierre. Si on en doit en croire la météo, nous devrions bénéficier d'une autre semaine de beau temps. Mais...

Notre point de chute est le chalet ARSIP au Bracas où le sous-sol nous est réservé. Il nous suffit d'étaler notre couchage et tomber là jusqu'au petit matin.

Samedi 22/09 : il y a du peuple dans le chalet au petit déjeuner. Outre les 6 belges que nous sommes (5 VL, 1 WL  dont 5  ♂ et 1 ♀ dans le désordre :-) , il y a toute l'équipe interclubs des Caussenards et autres provenances emmenés par Eric Boyer. Ils sont là pour poursuivre cette folle aventure qui les a enfin amenés cette été à toucher dans l'AN43 le socle et ,incroyable !, retrouver ainsi en aval du Système d'Anialarra, la rivière "sacrée", celle du Capitaine Haddock perdue dans la trémie Crimson... Je ne développerai pas plus ici mais c'est une grande page de l'histoire de la Pierre qui s'écrit ici. Tout comme celle qui se joue à la Grotte de l'Ours où le SC Forez à tapé dans le mille en mettant les bottes sur un des derniers maillons manquants du système, celui coincé entre l'AN8 et le Souffleur. Tout ça via un P300... Et là, on a pas fini d'en parler.

Programme du jour : No Stress ! Pour autant que ce soit possible avec des flamands ;-)
Bref, monter notre matos perso au camp d'altitude déja fonctionnel depuis une semaine.
Les voitures sont laissées comme d'habitude à Pescamou, avec la bénédiction des autorités municipales. Un vilain bruit à la roue avant gauche nous inquiète... on verra ça au retour....

Il fait grand beau temps mais pas trop chaud. En 1h30, nous sommes rendus sur place. Quel bonheur de retrouver cet univers magnifique que sont les lapiés de la Pierre.
La "grotte abri" a encore fait l'objet d'aménagement importants, ce qui la rend plus spacieuse et pratique. Les débris de cailloux ont été utilisés pour stabiliser les abords et bénéficier ainsi d'une plateforme confortable à coté du balcon. Le "p'tit coin" est désormais couvert et pour cause, il est aménagé discrètement dans une anfractuosité. Je veux le même à la maison !

L'après-midi est à peine entamée que nous sommes déjà installés. Moi, je ferais bien la sieste mais on n'est pas là pour ça. Il nous reste tout le temps pour mener une petite explo à proximité. PDB nous propose la Sima "Papanatas", AN 683. Ce n'est autre en fait que le PA 6 dont nous avions dans les archives le croquis d'explo de P.Vanstraelen réalisé par l'ESS en 87. Intrigué par les pointillés au bas de la coupe, il était intéressant de revoir les deux fonds (-60 et -80m).

Equipé la semaine passée, il avait laissé entrevoir dans la lucarne une possibilité de continuation. Nous embarquons foreuse and co pour tenter notre chance.
L'entrée est une étroite fissure dans une longue faille trufée d'autres orifices probablement vierges de toute exploration.
Nous descendons ainsi par une successions de belles petites verticales dans un calcaire bien compact jusqu'à cette terrasse où nous laissons de côté le dernier puits pour aller mettre le nez dans une "craille" impénétrable. Enfin, pas tant que ça ! S'il n'y avait ces quelques blocs coincés à -2, nous pourrions certainement franchir la tête d'un puits que nous estimons à 5 ou 6 mètres avec vue sur un autre départ de méandre du même style.
Vu le courant d'air soufflant, Kris équipe l'autre fond au cas où il faudrait se réfugier..
En attendant, la tête en bas, Mark, s'acharne sur le bouchon rocheux. Sans pied de biche, la tâche n'est guère aisée mais Mark est "tiess'tu" comme on dit à Lîdge ! A force d'acharnement, ça y est, le passage est ouvert ! Limite, mais franchissable.
Quelques goujons placés, nous laissons à Kris le soin d'équiper et descendre le ressaut. La suite est comme prévu un étroit méandre. Très court, il débouche sur verticale d'une bonne dizaine de mètres.  Je prends le relais, rejoint immédiatement par mes deux compagnons qui ne peuvent constater comme moi que la première se terminera ici pour aujourd'hui. La suite, si elle existe est derrière une étroiture horizontale (largeur 10 cm) de +/- 2m de long derrière laquelle il est difficile de voir si ça s'élargit mais pas décho. Le courant d'air semble plutôt venir d'une étroite lucarne perché à 3 m du sol que j'atteins par un pas d'escalade. Mark essaye de s'y engager mais un coude l'empêche de voir quoi que ce soit sauf que ça doit donner au même endroit. Le courant d'air est toujours sensible et soufflant mais pas de quoi "bander"...Nous en restons là pour ressortir, laissant le trou équipé pour la topo.

De leur côté, Toby, Paul et Anette étaient montés directement à la "Verdad", trou Souffleur déjà attaqué par Luc, Benoit et Steph en 2010. De grosses séances de désobstruction la semaine passée avaient mené l'équipe vers -100m, avec deux branches verticales ayant chacune un fond intéressant. L'un aspire, l'autre souffle. La séance d'aujourd'hui visait l'élargissement coté soufflant, là où il fallait peu de chose pour qu'Annette la filtrante passe. Plops et sortie volle gaz sans malheureusement en savoir plus sur le puits qui suit !

Souper en terrasse panoramique avec au menu potage, repas lyophilisé, chocomelk ou café Amaretto.



Dimanche 23/09 : nous avons eu beaucoup de vent pour cette première nuit en montagne. De violentes rafales ont mis les deux tentes collectives North Face à rude épreuve. Et notre sommeil qui aurait dû être réparateur en a sérieusement pâti. La météo montagne prise par gsm hier soir prévoyait quand même du temps clair et dégagé jusque demain soir avant dégradation.
Aussi, l'objectif d'aujourd'hui est d'attaquer sans attendre le gros morceau de l'expé : le Gouffre des Partages (GDP).

Grâce à la sécheresse et la chaleur de cet été, le trou habituellement bouché par la glace à -100 s'est avéré enfin ouvert, ce qui avait permis à nos amis français basés à Baticoch de l'équiper pour y faire une incursion et de laisser les cordes en place pour que nous puissions à notre tour aller fouiller la zone des -500 à la recherche d'un conduit qui pourrait nous rapprocher de l’extrême amont de la rivière Tintin côté Anialarra. Pour rappel, d'après le plan, 80 m à peine séparent les deux réseaux...

C'est avec cette perspective de jonction Anialarra- Partages/PSM à la clé...(30 et des km d'un coté + 80 de l'autre.... plus long système de France....rien que ça...)  que nous partons pour le M413. Faut-il encore le trouver car les coordonnées GPS sont restées dans la vallée. Heureusement, nous pouvons compter sur la mémoire d'Annette pour l'atteindre sans trop chercher.

Première équipe belge à descendre dans le Gouffre des Partages !
Rapidement en tenue, nous descendons les 320 m de puits avant d'enfiler à la Salle Nine les pontonières pour affronter le redoutable méandre dit du "3ème type". Sa réputation nous intrigue. En bons Belges habitués à se traîner dans des trous à rats, nous ne sommes pas loin de penser qu'il s'agit surement d'une exagération à la française ;-). Mais en fin de compte,... après une petite heure de contorsions, reptations, de 4 pattes, tantôt à travers étroitures, laminoirs ou le long de toboggan flotté, nous devons bien admettre qu'il s'agit d'un réel parcours du combattant. Encore sommes-nous légers, avec le strict minimum et par très basses eaux.... Nous n'avons guère de difficulté à imaginer les galères vécues ici à l'époque des explos, avec tout le bardas pour aller à la pointe jusqu'à dépasser les -1000, avec le matos de bivouac, avec les risques de crue ou tout simplement de petits coups d'eau.

Nous n'en sommes pas traumatisés pour autant et finissons par déboucher dans la Salle de l'Epine. La trotte dans "la Grande Evasion" jusqu'à "la Mouilleuse Précoce" est ensuite bien plus agréable. C'est à partir d'ici que nous allons ratisser au peigne fin tout ce qui se trouve en rive gauche, et ce jusque dans le secteur "Belle de Nuit".Grosse déception dans le petit affluent pourtant ventilé en RG juste avant le siphon. le courant d'air vient d'une étroite fissure défendu par un ressaut. Peu de chance que le terminus amont de Tintin soit cependant là derrière. PDB et AVH en lèvent quand même la topo. Reste cet autre affluent encore plus en amont revu et topographié je pense cet été par le Clan des Tritons.. Rien d'évident quand même.

Nous poursuivons ensuite en nous enfilant en rive droite dans un boyau remontant qui permet de shunter le siphon. Le courant d'air qui s'y engouffre est réellement puissant. Derrière, nous arpentons de fond en comble la salle et ses éboulis. Croyez-moi, c'est vaste et chaotique ! La seule perspective d'un départ potentiel est un balcon au sommet d'une grande coulée perchée. Nos lampes ne permettent pas d'en savoir plus et l'atteindre demande un minimum de matériel d'escalade, que nous n'avons pas. Sa situation par rapport à Tintin n'est pas à dédaigner, la seule chose contrariante étant que ça se trouve beaucoup plus haut en altitude. D'ailleurs, avec Tobias, je m'attache plutôt à suivre sous la salle la rivière dans ses moindres recoins à la recherche de la fameuse diffluence qui avait permis au colorant de passer vers Tintin. Mais rien, aucun indice.Nous irons encore voir plus loin en aval dans la galerie, inspectant même les sommets très délités et dangereux. En vain.
Les heures ont passé et il faut bien conclure que ce n'est pas via les Partages que nous trouverons facilement la jonction avec le Réseau d'Anialarra.


Après un gros casse-croûte, nous reprenons le chemin de la sortie. Le méandre du 3ème type repassé, nous ne pouvons que saluer les explorateurs qui ont dû d'abord forcer cet interminable passage et faire avec à chaque explo !
Mais ça n'empêche pas Mark, Tobias et Kris de laisser leur pontos à la base des puits avec l'idée de redescendre demain pour aller tenter l'escalade de la coulée avant de déséquiper. Pas un bon plan pour les quinquas ça ! Je remonte la mienne (une combi russe, ce genre de volume intégral en tissu étanche avec une grand ouverture ventrale).
Reste à avaler les puits dont l'équipement n'est plus vraiment conformes aux normes actuels. A l'heure des perfos, de l'avis général, un rééquipement aux standards ne seraient pas un luxe.

Le couple De Bie/Van Houtte me précèdent. Dehors, il fait nuit depuis longtemps. A -50, je comprends vite qu'il ne doit pas faire "jojo" dehors. De fait, je sors sous une tempête digne de ce nom. Ce n'était pourtant pas prévu avant 24 h ! Le vent souffle en rafales qui me font hésiter à ôter ma perso de la main-courante... ! Paul et Annette, déjà trempés me conseillent d'aller me réfugier sous la tôle ondulée qui fait un semblant d'abri pour une personne et s'éclipsent, tout en m'enjoignant bien d'attendre le suivant et de rentrer au camp en évitant à tout prix la crête. Je les vois disparaître et louvoyer dans la bourrasque, visiblement avec beaucoup de difficulté à trouver leur chemin. Ca promet !

Assourdi par le bruit du vent qui met à mal ce qui me sert de toit, je me contente d'enfiler ma cagoule, des gants secs, une veste sur ma combi et changer de chaussures. Kris arrive complètement lessivé, au deux sens du terme.. Tobias "la flèche" et Mark le talonnent si bien que c'est à 4 que nous reprenons la direction du camp. Du moins, c'est ce qu'on espère car nous n'avons plus aucun repère.  D'autant plus difficile de s'orienter que nous devons vraiment nous battre pour rester debout et ne pas se casser la figure, tant les rafales nous déséquilibrent à chaque pas sur ce lapiaz très tourmenté. Personne n'est à son affaire... Moi encore moins. Avec mes lunettes, j'en bave, déjà que nos lampes ont du mal à percer l'obscurité balayée par la pluie à la limite de la grêle. Heureusement, Mark a le cerveau magnétique et alors que nous commencions à douter sérieusement et se faire à l'idée d'être paumés, une minuscule éclaircie nous a fait deviner la vallée sur notre droite et apercevoir un scotch light. Ouf, les cains ! Nous sommes au niveau de la brèche. Les conditions restent abominables mais nous sommes dans le bon. Béni soit le balisage. Dernière poussée d'adrénaline à la "touwje" (MC de la vire) quand une rafale me décoiffe de mon casque que je n'avais pas rattaché convenablement. Je le rattrape in extrémis.

Rentrés trempés sous l'abri, notre grotte nous apparait comme un havre de paix dans cette nature déchaînée. Paul et Annette sont là depuis peu de temps et avouent aussi avoir ramer pour arriver ici. Cette sortie restera mémorable; je ne me rappelle pas avoir eu à affronter des vents aussi violents (min 130km/h). Examen de passage pour la Patagonie réussi !

Se changer, se préparer une bonne soupe, manger. Il est passé les deux heures du mat quand nous nous glissons dans les duvets, boules quiès dans les oreilles, en priant pour que les tentes soient épargnées, P&A ayant déjà dû faire une réparation sur l'une d'elle en pleine tourmente Ça finira toutefois par se calmer quelque peu.

Lundi 24/09 : lever avec des petits yeux pour tout le monde...La mauvais temps s'est éloigné. Météo Montagne a revu sa copie, annonce une accalmie pour aujourd’hui et demain mais aussi une chute des températures et de la neige à partir de 2000m pour la suite. Voilà qui remet en question le programme du reste de la semaine. Dans ces conditions, la voix de la sagesse sera d'écourter notre séjour sur le massif.
Il nous faut profiter du répit... donc, pas de répit ni repos (pourtant mérité !) aujourd'hui.

La priorité est le déséquipement des Partages avec éventuellement l'escalade. Ce sera pour demain. En attendant, Kris et Annette décident sagement de se refaire une santé. Tobias et Mark se contentent de passer l'après-midi au Papanatas où ils torchent la topo et le déséquipement.

Pour ma part, j'accepte d'accompagner Paul à la Sima Verdad, non pas que je sois enthousiaste par les descriptions que m'en a fait Annette qui a donné de sa personne dans ce trou dont je n'ai retenu que les mots tête de puits étroits, boue, étroitures...mais que ça devrait passer. quand même ! Je me force donc à croire dans les convictions de Paul, à savoir qu'avec sa situation pile poil à au dessus des amont de Tintin, il pourra nous donner un accès direct à la zone profonde, avec toutes les perspectives de nouvelles explorations que ça autorisera sans se farcir les deux jours de progression nécessaires via l'AN51. Et à l'entendre, ce n'est pas loin du camp. Mouwais...Vingt bonnes minutes quand même pour monter au Grand Cairn, et autant pour redescendre via les pentes herbeuses jusqu'au trou, marqué AN594...
Prestement équipés, nous nous engouffrons (tiens, en voilà un drôle de verbe !). Je comprends vite la somme de travail qu'il a fallu pour arriver au terminus qui a arrêté l'équipe précédente. Et encore ne suis-je que dans une des branches. On l'atteint par une lucarne dans le P25 d'entrée pour atteindre -76 via un P19 et un P29 (arrosé le bougre). Ici, l'étroiture "longue" a donner du fil à retordre à mes amis.  Les passages répétés ont heureusement patinés les parois, c'est plus propre que ce que je ne craignais. Content d'être là, surtout que le dernier tir était le bon ! Nettoyée, l'étroiture verticale dite "grasse" reste sélective mais derrière s'enchaînent un R4 et un P7, propre et large. Dessous, rebelote, un pincement au dessus d'une nouvelle fissure verticale mais qui s'ouvre visiblement sur un autre vide comme en atteste les cailloux lancés. De quoi nous booster pour rendre la tête du ressaut franchissable mais aussi et surtout moins instable. Ça nous prend du temps avant de pouvoir finalement y placer une corde et rejoindre le palier inférieur, 6 mètres plus bas. De là, deux solutions. Indécis, nous optons pour la plus directe mais par la meilleure en terme d'équipement fixe. Ça nous permet ainsi de descendre un beau puits comme on les aime (25 m). La suite est un court méandre pas bien large, suivi d'un R3 peu commode. Arrêt au sommet d'un nouveau cran de descente de 6m où une corde sera nécessaire. Nous en restons sur ces résultats très encourageants, préférant consacrer encore un peu de temps à la remontée à de l'aménagement dont la mise en œuvre fera jurer quelques fois Paul, obligé de se farcir plusieurs fois les étroitures, la dernière fois est la bonne mais en faisant la course contre les mauvaises odeurs.... Car il faut savoir qu'étonnement, le trou souffle alors qu'on pourrait s'attendre dans ce cas de figure à ce qu'il aspire.
Sortie après 6h30 bien remplies passées sous terre et retour chargés au camp en direct par un genre de grosse balafre qui fend le lapiaz d'Est en Oues.



Mardi 25/09 : Météo Pau ne nous laisse pas d'espoir. Il faudra quitter le massif demain. Baroud d'honneur donc avec Annette et Paul avec qui je replonge dans la Verdad. Tandis qu'en couple ils poursuivent la topo, j'équipe le Puits des Indécis hors flotte. Par la même occasion, je réalise un pendule acrobatique de manière à atteindre une lucarne bien placée pour court-circuiter les ressauts étroits vu la veille. Et de fait, il y a bien un puits au delà mais qui se pince trop rapidement. A part un genre d'amont qui ne nous inspire pas, plus d'autre choix que d'équiper le R6 au bas duquel, nous le craignions, un nouveau rétrécissement nous barre une fois de plus la progression verticale. Pourtant, nous avons vue entre les parois distantes de quelques 15cm sur un puits d'une dizaine de mètres. Mais plus de mun's, Paul les a sortis hier.  Il nous reste la foreuse, une mèche de 12, un marteau et un burin.  J'invite Paul à s'attaquer aux lèvres du puits. La tête en bas, à force de cogner, cogner, cogner, il finira par ménager un passage. Ce sera l'étroiture du "Marteleur". Annette la jauge et  la juge négociable. Au culot, elle s'y glisse et la pesanteur aidant,  passe... mais limite ! En bas, le méandre se resserre à nouveau mais laissant entrevoir un nouveau ressaut de 5m. Nous estimons être à -140, Nous sommes vers 1800 m d'altitude, Tintin est 244m plus bas. Pour l'instant, Paul et moi, nous voudrions surtout voir ressortir Annette. Elle y arrivera mais non sans mal, au deux sens du terme. Ouf ! La suite, ce sera pour 2013.

Il est 19h bien sonné quand nous nous extrayons du trou dûment déséquipé jusque l'an prochain (cordes remontées à l'abri des crues, amarrages ressortis). Le ciel est plombé, la lumière apocalyptique et le vent souffle à nouveau en rafales. Alors qu'Annette se met en route, l'une d'elle la prend en traite. Elle s'envole littéralement sur 4-5m et s'écrase sur le lapiaz la tête la première. J'ai peur de ne pas la voir se relever mais heureusement, le casque qu'elle avait gardé et le sac à dos ont amorti un peu le choc ! Par contre pas de cuirasse pour épargner sa cuisse. Gros bleu en perspective et un retour clopin-clopant pour retrouver le confort de l'abri à la nuit tombante..

Pendant tout ce temps, nos trois "jeunes" sont descendus aux Partages pour un déséquipement torché dans les règles (5 kits quand même !). Beau boulot ! Quand à l'escalade à -500, ce sera pour une autre fois.

Mercredi 26/09 : la nuit fut à nouveau très mouvementée (vive les boules Quiès), jusqu'à ce que la pluie et le vent ne fasse place à la neige. Cinq cm d'épaisseur nous accueillent au petit matin. Le déjeuner avalé (en Belgique Monsieur, on déjeune le matin, on dîne à midi et on soupe le soir, qu'on se le dise !), l'abri rangé, c'est le repli en fin d'avant-midi vers la station.avec notre équipement personnel lors d'un premier portage et du matériel sorti des Partages lors d'un second round, avec la neige jusque Baticotch. Déjà une bonne chose de faite !


Au chalet de l'Arsip, nous retrouvons les collègues de Rodez sortis au petit matin d'une virée mémorable dans l'AN43. Soirée bien agréable à 14, égayée par les histoires sans fin du vénérable Nanard.

Jeudi 27/09 : Non di djû, v'la ti pas qui fait beau ! Dire qu'on aurait pu poursuivre l'explo de la Verdad... Trop tard, nous nous en tenons comme prévu à démonter le camp et rapatrier le tout dans la vallée. Mes compagnons ferons en plus une incursion sur les crêtes et le long de la frontière à la recherches de je ne sais quels repères.Sans oublier la cueillette aux champignons qui finiront fristouillés à la poêle et partagé le soir même avec nos amis français. Et au dessert, une tarte "Ibarra" préparée par Maryse, livrée par Pierre sur qui Mark, Tobias et Kris pourront compter demain pour une dépose à l'entrée du Souffleur de Larrandaburu qu'ils feront en classique (en partie bien sûr, le système fait 60 bornes...)


Vendredi 28/09 :  lever à 7h00 avec au programme l'AN43 en compagnie du grand Schtroumf Eric derrière lequel Paul et moi allons courir toute le journée. L'approche démarre coté espagnol où nous laissons les véhicule en bord de route. S'en suit une bonne heure de marche soutenue. 10 heures, nous nous laissons couler dans l'interminable "tube de poêle". Moins de deux heures plus tard, nous nous retrouvons au delà du kilomètre de la Rivière Perchée, dans "The" Collecteur, à -380 m. Nous faisons honneur au nouveau point chaud, rapidement rejoints par Bernard, Véro et François qui nous suivaient à distance. Petite pause très conviviale avant de se séparer en deux groupes. Nous délaissons ceux qui s'en vont poursuivre l'escalade des Cabris (+140m au dessus de la rivière) pour en suivre un autre qui nous emmène dans les grandes salles fossiles vers l'amont au volume digne de la Pierre. Premier objectif : topo d'une cheminée de 25 m et fouille de la galerie au bout de la salle du Sprint Final, à l’extrême Est, point stratégique s'il en est puisque situé quasi à l'aplomb de la salle Néro. La jonction avec le système d'Anialarra est à portée de main (suivant les reports topos, il manque 15 à 20m) mais avant de faire sauter le bouchon de la bouteille de champagne déjà en place, il faudra en faire sauter un autre. En 2013 !


Quelques autres compléments topos effectués dans une latérale, il est déjà 18 heures...Avant de sortir, Eric aimerait voir l'affluent rive gauche de la salle Arredesso, reconnu cet été par les copains espagnols. Nous sommes surpris de remonter une galerie de belles dimensions, bien décorée, parcourue par un ruisseau au débit non négligeable. Le genre de truc qu'on imagine pas se terminer comme ça. Pourtant la voute mouillante, superbe, décrite par les découvreurs est bien là. Paul s'assure que ça siphonne. Moi, pas envie de me mouiller ! J'avise les plafonds et m'enfile dans une chatière pas bien large mais ventilée. Dix mètres plus loin, ça s'agrandit et se divise en deux. Nous partons à droite avec le courant d'air. Paul ne fait qu'une bouchée de la vilaine étroiture qui nous barre le chemin. Derrière, nous ferons encore 50 m dans un méandre pas trop sain, nombreux blocs branlants, coupant mais qui continue assurément. Demi-tour sur cette bonne surprise. Avec une question : où cet affluent peut-il bin mené ?

Il est 21 heures quand nous quittons le point chaud de la salle "Tamalou". La rivière perchée remontée, restent près de 250 m de puits à avaler. Eric qui fermait pourtant la marche pour faire le ménage en sommet de ressaut étroit parvient encore à nous dépasser en cours de route. Même s'il n'est âgé que de quelques années de plus que moi, je ne plaindrai jamais plus que je vieilli...Et que dire de Bernard et ses 69 piges !

Sortie après 13h sous terre avec la pluie, celle qui transperce. Retour interminable dans les talons du grand Schtroumf pour retrouver la bagnole et au bout de la route le Chalet, sa cuisine (merci les chefs-coqs), sa douche et enfin mon sac de couchage. Une journée mémorable.

Samedi 29/09 : mes co-voitureurs sans pitié ont décidé de reprendre la route vers notre royaume au petit matin, ce qui nous mènera à Antwerpen en fin de soirée. Encore quelques heures de train et fini la PSM jusque l'été prochain, sauf sur papier !

Texte publié dans l'Arsip Info n°85 en juin 2013