Haut-Atlas 2019 : M'Goun et Vallée des Roses - Semaine 1

Depuis cette méharée que j'avais réalisé en familles (3) dans le désert marocain du coté de Zagora (Hamadaa Draa), je m'étais dis que je retournerais au Maroc pour arpenter les montagnes.



Et cette fois encore avec le service d'un guide, d'un cuisinier, de mules et muletiers. C'est à mon sens le meilleur plan pour d'une part ne pas à avoir à crouler sous un gros sac et randonner en autonomie avec les aléas que ça comporte dans ces contrées très reculées.
La présence d'un guide a le gros avantage, s'il est bon, de ne pas avoir à chercher le meilleur itinéraire, de ne pas louper ce qu'il y a à voir et ne figure pas nécessairement dans les livres. On peut profiter de sa connaissance du berbère et de ses bons contacts avec la population tout au long du parcours. Avec les muletiers et leurs bêtes, grâce à tout se qu'ils transportent,  en vivant leur quotidien, on se sent ainsi en mode nomade, en vivant un peu à leur manière, en partageant leur culture, leurs habitudes, leur manière d'être, en les faisant vivre aussi !

Etant peu enclin à passer par  une des grosse agence d'aventure européen, je voulais quelque chose de plus authentique et faire dans le voyage éthique. Grâce au conseil d'une collègue d'un ami (choukrane !) je m'étais adressé par WhatApps et mail à un certain YOUSSEF pour mettre sur pied un trek de 14 jours avec un cahier de charge assez clair, à savoir un parcours au maximum en dehors de sentiers battus, sans nous économiser des heures de marche, sans se tracasser des denivellés, avec la plus grande variété de paysages minéraux possible mais aussi à la rencontre de population locale. Sans oublier l'ascension du second 4000 d'Afrique, le M'GOUN. 

Et il a plus qu'assuré notre Youssef ! D'origine berbère et issu d'un petit village de l'Atlas, il a eu l'occasion de s'instruire et connait tout de la géographie, de l'histoire, des coutumes, de la religion de la politique de son pays. Franchement, bien qu'encore relativement jeune, c'est un érudit et il aime partager ses connaissances. Un vrai ambassadeur berbère ! Guide de montagne breveté, il connait le Maroc comme sa poche ! Et c'est un super organisateur, attentif, attentionné même, qui sait s'adapter et qui n'abandonne pas à la première difficulté.

Tout était réglé comme du papier à musique. Hormis deux soupers à Marrakech, son prix comprenait la prise en charge à l'aéroport, les deux nuits en Riad dans la Médina, le transport vers le Haut Atlas, sa présence tout au long du trek, celle du cuistot et donc toute l'intendance, la nourriture, les tentes, matelas, 3 muletiers et leur mule, et le minibus de retour à Marrakech. Bref, du "all inclusive" !!! Et nul doute que pas plus cher qu'en essayant d'organiser tout soi même, avec les risques de se faire arnaquer, de perdre beaucoup de temps et de louper plein de choses... Moins cher aussi qu'un T.O. 

Je vous propose de revivre, jour par jour, en quelques mots et avec une sélection de photos,  le circuit effectué. Et ce en compagnie de Benoit, de Luis, de son frère Marc et de Marianne, une fine équipe avec qui j'ai eu beaucoup de plaisir de vivre ce super séjour au soleil.



Jeudi 26 septembre
Départ de Sprimont à 2 heures du mat pour rejoindre BRUCARGO où nous laissons le véhicule au Parking 2 et avec une navette organisée passer à l'aéroport de Zaventem pour décoller vers 06h avec la TAP, direction LISBONNE où nous avons 6 heures d'escale. Nous en profitons pour prendre le métro et aller passer une paire d'heures dans le centre, petit intermède bien agréable qui donne envie d'y revenir.



Un nouveau bond dans le ciel pour traverser la méditerranée, et nous prenons pied à l'aéroport national de Marrakech fin d'après midi où notre guide nous accueille comme promis pour nous emmener dans les murs de la Médina et nous installer dans un super petit Riad , le Dar Al Amane au cachet si typique, tellement reposant alors qu'on est pourtant au sein d'une vraie fourmilière. Nos prenons le temps d'aller nous imprégner de l'ambiance de la célèbre place JAMâA EL FNA avant d'aller savourer une tajine sur les toits d'un restaurant face à la mosquée La Kashba.




Vendredi 27 septembre
Le copieux déjeuner (on est belge, donc repas du matin ! ;-) avalé, nous quittons nos hôtes très sympathiques (le patron a aussi été guide de montagne). Il est a peine 8 heures quand nous prenons la route en minibus avec armes et bagages, direction l'Atlas. Outre une pause pipi à une croisée de chemins dans un chouette relais, nous faisons un arrêt à AZILAL, petite bourgade bien agréable, le temps pour notre guide de faire quelques compléments d'achats, pour Luis et moi d'acheter un chapeau de paille et se mettre dans l'ambiance.

Après un casse croute dans l'herbe, on bifurque alors vers la vallée de BERNAT jusqu'au col OUGHBAR (2220m) par de magnifiques paysages déjà bien montagneux. C'est là que nous débarquons pour descendre vers la vallée de SREMT et ainsi après 3 heures de marche (-400m) rejoindre les muletiers avec qui nous faisons connaissance. Nous découvrons ainsi notre premier bivouac installé non loin du village, à coté d'un puits où nous pouvons nous approvisionner en eau, seul chose que nous aurons à gérer individuellement tout au long du séjour. Sachant cependant que nous aurons droit à l'eau bouillie le matin pour le nescafé ou le cacao, au traditionnel et inimitable thé à la menthe à midi et au gouter, plus la tisane du soir ! Première souper sous la tente berbère et première nuit en tente, à 1800 m d'altitude.



Samedi 28 septembre

Le cuistot et les muletiers sont rodés, efficaces; à peine levés notre déjeuner est servi sur le tapis, le camp démonté et les mules chargées. Youssef a décidé d'ailleurs d'engager une quatrième pour ce début de circuit, question de les ménager.

La rando commence vraiment ! Dés la première heure nous attaquons la montée au Col ORIAAT et ses 2700 m d'altitude. Dépaysement total pour nous qui sommes plus habitués aux paysages calcaires. Ici, tout est ocre, avec des petits points verts partout, ce sont les "coussinets de l'atlas", petits buissons épineux.

Pause fruits secs en guise de "10 heures" comme ce sera le cas tous les jours, avec vue splendide sur la vallée et les montagnes de BOUGUEMAZ. Et descente magnifique via ce sentier muletier jusqu'au village Aït OURIAAT à l'entrée duquel le bivouac est installé, dans un endroit super sympa, toujours à portée de l'eau, en l'occurrence ici d'un petit canal comme il y en a des centaines de km dans l'Atlas et qui permettent d'irriguer les champs dans les vallons et vallées. Pas loin de 6 h de marche sans courir, avec un dénivelé de +900/-900m-, juste ce qu'il faut ;-)




Dimanche 29 septembre

Durant cette journée, nous découvrons la vallée des AIT BOUGMEZ passant par ses beaux villages à l’architecture traditionnelle et sinuant par ses champs bordés de pommiers et noyers. C'est fou ce que ces fonds de vallées peuvent être fertiles et sont cultivées; comme chez nous il y a un siècle ! Une abondance de fruits incroyable, une variété de légumes en tout genre, des fleurs aussi.

Avec pour un peu corser la journée et varier les plaisirs un rude montée pour franchir un col dont j'ai oublié le nom et que seul Youssef doit emprunter et surement pas avec n'importe qui ! Bonne idée de prendre de la hauteur car nous bénéficions d'un une vue à 360 ° sur les alentours.

On notera aussi le crochet par IBAQUALLIWM où nous pouvons observer sur un banc calcaire datant du jurassique inférieur des empreintes fossiles de pas de Dinosaures !

Sans oublier la pause de midi sous les pommiers pour savourer ce que Mohammed nous a préparé en deux temps trois mouvements (il est vraiment fort). Et la petite sieste qui s'impose avant de repartir pour rejoindre notre nouveau bivouac, cette fois sur les flancs d'un gros oued affluent à l'écart du village de REBAT ; à chaque fois la surprise !




Lundi 30 septembre :Bougmez -Ikiss n’Arouss
Descente de la longue vallée de BOUGMEZ que Youssef connait bien, c'est dans le coin que cetrouven le centre de formation de guides de montagnes. On traverse les nombreux hameaux, tantôt en suivant la piste très peu empruntée, tantôt par de petits sentiers longeant les cultures, avec vue sur un grenier collectif de l'époque juché au sommet d'une colline aménagée en forme de pyramide.
Début d'après midi, nous bifurquons vers la vallée d'IKISS AROUSS pour reprendre de l'altitude. Au passage, quelques grottes troglodytes perchées titillent les spéléos que nous sommes, mais on nous demande gentiment d'éviter d'y entrer. Dommage.
Nuit à 2100 au bord d'un petit torrent. On aura crapahuter environ 6h, avec un dénivelé de -100 et +400



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Compte rendu et photos de la deuxième semaine à venir dans un second article...

ANIALARRA Septembre 2021

Introduction

Douze mois sont passés depuis le camp de septembre 2020 sur Anialarra auquel j'avais participé. Depuis, suite à la gestion de la pandémie qui nous empoisonne la vie, suite aussi aux inondations catastrophiques cet été en Wallonie, la conjoncture ne nous a pas permis de sortir de nos frontières.

Quel bonheur donc de retourner pour deux semaines dans les Pyrénées, sur cet incroyable massif de la Pierre-Saint-Martin, où s'était déjà déroulé cependant cet été un premier séjour pour certains et dont je ne parlerai pas ici.

Lors des interclubs Anialarra, il est vivement conseillé, pour ne pas dire obligatoire (c'est dans le très complet "R.O.I" ;-), que chaque équipe rende compte chaque jour des faits marquants de ses activités. Une rigueur qui a permit à Paul et Annette de compiler, d'archiver, une somme inestimable d'informations ! Tout ça publié systématiquement à chaque retour dans une série de bulletin papier.

Pas besoin de me faire prier pour ma part pour rédiger, d'autant qu'avec l'avènement des réseaux sociaux, on partage volontiers, parfois presqu'en direct , les résultats en ligne. Cette année, je m'étais pris au jeu de publier ma prose sur FB, parfois un peu en différé par manque de réseau ou trop pourri d'aller le chercher à 100 m du camp.

Les 15 posts étant dispersés sur mon mur mais FB ayant ses limites en matière de visibilité, je les ai regroupés ci dessous. 

Quelques photos qui me semblent parlantes ponctuent cette synthèse mais vous trouverez aussi en bas de page un lien vers ma galerie. Bon, pas dis que vous aurez le courage de visionner tout car j'en ai conservé... 200 ! Google photos a ça de bien, c'est qu'il permet de faire défiler rapidement un genre de diaporama de médaillons et d'éventuellement d'ouvrir une ou l'autre qui vous attirerait plus. Notez que chaque image est commentée (bouton "I" à activer). Pour moi, c'est en quelque sorte un carnet de bord illustré, qui plus tard, viendra compenser ma mémoire défaillante. 

Bonne lecture ! Jack


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Aniallara, septembre 202

Après 12 h de route hier samedi 11 septembre au départ d'Anvers où j'ai passé la nuit précédente chez Krzysztof Nędza Kubiniec (merci à la famille pour l'hospitalité), nous revoici au chalet de l'ARSIP au Bracas (Arette la PSM) avec Paul, Annette et Erik.

Belle mise en jambes aujourd'hui dimanche 12/09, sous le soleil, avec un portage de matériel sur Anialarra et installation du camp d'altitude. En prime, une petite reconnaissance vers une cavité intéressante repérée sous les crêtes en 2000...( AN555), sur une zone truffée de trous, à l'aplomb du réseau Nostradamus. Et retour au chalet pour cette nuit.

Demain, montée là-haut pour plusieurs jours d'explo, du moins si la météo le permet.


Lundi 13/9, comme prévu, nous remontons au départ du chalet de l'ARSIP, à nouveau avec un bon sac à dos, au camp d'Anialarra. L'idée est d'y rester jusqu'en fin de semaine.
Nous y parvenons en fin de matinée, ce qui nous laisse largement le temps de descendre sous terre l'après-midi.

Paul et Krzysztof vont à la Sima de los Amigos (explo août 2021)pour remaniement de l'équipement dans les premiers puits, de sorte d'éviter un endroit instable via une traversée et un puits parallèle.


Annette , Erik et moi descendons à la Sima Tormenta jusqu'au dernier jet du fabuleux puits Chippendales (explo aout 2021), vers - 120, là où malheureusement ça devient flotté. Le but est d'installer une bâche 3x4m pour dévier la pluie qui y tombe copieusement. Pas évident du tout mais au moyen de 6 goujons, j'arrive au final à la placer en oblique. Du coup, en plus de la résonnance, les gouttes martelant la bâche, un boucan envahit les lieux.
Faudra pas se trouver de toute manière ici dans les parages au mauvais moment...

16h, on décide d'en rester là, avec vue sur la suite énorme qui espérons le pourra s'équiper hors flotte. La jonction avec le réseau est encore loin !

La remontée prendra une bonne heure, la zone d'entrée étant faite de nombreux passages étroits, qui ont demandé beaucoup l'an dernier et encore l'été passé avant 'être franchis

Il aura finalement fait relativement beau mais peu de chance que ça dure. A voir demain...

Mardi 14/09, on se lève après une nuit très mouvementée, comme souvent ici. Ciel gris et menace de pluie pour déjeuner. Mais pas de souci pour l'objectif d'aller dans Los Amigos qui lui ne craint rien.

A midi, nous sommes à la jonction avec le système à -285 dans la galerie shit-schiste qui débouche un peu plus bas sur le réseau des affamés, tout ça via une série de puits magnifiques.

Casse-croute et puis on s'enfile dans les amonts pour vérifier que tout avait été torché dans le coin lors des explos qui s'étaient faites via l'AN51.

Première constatation, c'est vachement ventilé !

Une première galerie sup offre après désob à Annette et Erik une cinquantaine de m de première et en chemin un P5 nous intrigue mais impossible à franchir sans corde.

Avec XTof et Paul, nous remontons l'actif, connu sur qq 300m. Ma foi, très sympa, même si pas bien large. En BE, on serait déjà content d'avoir une grotte comme ça.

Paul se paye même le luxe d'un bout de première dans un affluent. 30 m et puis impénétrable. Au bout du bout, au delà de "Damoclès", la dernière visée débouche sur une fissure impénétrable mais avec une suite derrière... et le souffleur est polaire ! Vérification faite sur topo, on est en direction exacte du gouffre Polaire. A un demi km... jouable ?!

Bref, on ne déséquipe pas le trou aujourd'hui comme on l'avait envisagé, y'a à faire ! Remontée en une paire d'heures et sortie sous le crachin et le vent.



Miercoles (on est en Espagne !) 15/9. Nuit encore bien tourmentée mais moins agitée. Lever avec un ciel qui sera changeant toute la journée mais finalement météo clémente malgré les prévisions pessimistes qui nous font mettre de côté Tormenta aujourd'hui. Et tant mieux, je voyais bien une journée de "repos" ! Du moins, rester dehors car, pour s'occuper, Krzysztof et moi avons fait un portage vers l'AN456 dit "Banco" car nous espérons que c'est lui qui nous mènera dans le réseau Tintin juste dessous et du coup atteindre en direct le chantier Benoit Brisefer, là où il manque 40 m au système d'Anialarra (48km) pour atteindre celui des Partages/PSM (80km bien fait)....

Sur base des explications de Fritske et Stéphane, avec quelques doutes quand même car, confiant dans le descriptif, je n'avais pas jugé utile de prendre les coordonnées... on tombe finalement pile poil dessus. Et pour le fun, ayant du réseau, je leur passe à tous les deux un petit coup de fil.

Il nous reste du temps et les quelques rayons de soleil nous invitent à prospecter un peu, ce que je n'étais pas vraiment décidé a faire, question de prendre un peu de bon temps au camp. Que de trous, fissures et ouvertures en tout genre !

On se laisse prendre au jeu et finalement, on en vérifiera un paquet sur à peine 100m2. Au aurait bien fait de prendre du marquage pour au moins mettre des croix...

Arrivés au croisement avec le chemin venant de Baticotch, retour, via les pelouses et la grotte des Isards. Pura subida... On récupère Paul De Bie et Erik Bruijn sortant d'une petite cavité intéressante à plus d'un titre. Il est 18h quand nous rentrons au camp où Annette a inhumé le Lamina, notre mascotte mal en point ! Et puis, le rituel habituel du soir, cette fois au sec.




Jeudi 16/9. Enfin une bonne nuit calme et reposante passée. On déjeune dans les nuages. 10h, on est déjà sur le départ pour Los Amigos et l'amont des Affamés. Les 3 flamands partent en premier, pour remplacer des moustifs par des maillons et mettre une marche dans une MC tire bras.

Xtof et moi suivons un peu décalés, les laissant aller forcer le terminus au delà de Damoclès pour, en attendant, aller voir un petit affluent RD un peu en aval. Un sale méandre étroit d'une trentaine de mètres comme on n'a pas envie de faire, qui plus est quand on est sous La Pierre ! Mais, c'est ça l'explo ... Et on n' échappe donc pas à la topo. En tout une heure passé sur cet objectif pour en sortir mouillés et sales. C'est l'affluent "Kurba" (grossièreté en polonais). Un point d'interrogation levé.

Après ça, nous rejoignons les autres qui ont réussi à passer, non sans peine, plusieurs rétrécissements pour finir sur de l'impénétrable au niveau de l'actif mais aussi de trouver, contre toute attente après un tel parcours étroit, une grande salle fossile, bien décorée (50m de long) à l'étage supérieur. Le sol est recouvert de tas de sable, ce sera la salle des châteaux de sable. L'espoir de poursuivre plus vers l'Est sera vite perdu au pied d'une cheminée. Dans un coin cependant, un petit filet d'eau débouche d'un méandre perché, défendu par une escalade de 5m dans le socle schisteux, croulant.. impossible à franchir sans un minimum de matos . Au delà, ça semble continuer un peu... tout le monde s'accorde pour décider qu'on ne reviendra pas s'y acharner dans un proche avenir. La première de ce jour est dédié au nouveau né Noa !

Retour en topographiant, puis remontée en déséquipant jusqu'à la base du puits "extraordinaire", question de récupérer 150m de cordes et une multitude d'amarrages indispensable pour poursuivre les deux autres explos en vue. Rentrée au camp magique avec la lune et sur un tapis de gouttelettes brillantes au sol. Nul doute qu'il aura plu toute la journée. Un lyophilisé avalé, il est minuit quand on s'écroule dans nos sacs de couchage.

Salle des Châteaux de sable (photo PDBie)

Vendredi 17/09 : journée de récupération, avec nettoyage de cordes, séchage des tentes et du matériel, pour finalement redescendre au chalet Arsip dans l'après midi où une bonne douche et un bon repas sont appréciés. Et arrivée en fin de soirée d'un renfort en la personne du fidèle Lieven, chopé à la gare d'Oloron.


Samedi 18/9 : sachant qu'aujourd'hui la météo ne serait pas génial, plutôt que d'attendre bêtement au chalet de pouvoir remonter en principe avec des éclaircies en fin de journée, je m'étais arrangé pour pouvoir emmener Krzysztof et Erik à La Verna qu'ils n'avaient jamais eu l'occasion de visiter depuis le temps qu'ils fréquentent la PSM. Merci au passage à Jef pour le coup de pouce !

Profitant d'une visite touristique, nous avons ainsi pu monter le vallon d'Arphidia et précéder le groupe dans le tunnel pour accéder au plus gros volume souterrain d'Europe. On commence par descendre, via la cascade jusqu'à la plage des galets à la lumière de nos lampes, une bonne centaine de m de dénivelé via des sentiers glissants. A la remontée, nous profitons de l'éclairage qui illumine l'immensité des lieux. J'ai beau être déjà venu souvent ici, ça reste un spectacle incroyable. Et mes compagnons sont évidemment iaussi mpressionnés qu'enchantés, surtout quand petit à petit l'éclairage touristique dévoilera petit à petit les lieux.

Je les emmène ensuite en amont, via le barrage qui alimente la centrale hydroélectrique de Ste Engrace, pour remonter la rivière jusqu'à la salle Chevalier.

Nous n'irons pas plus loin. Le temps de ressortir, redescendre la piste, faire un petit crochet par l'église de Ste-Engrâce, faire l'impasse sur la bière chez Burguburu, rejoindre le chalet, avaler le gouter, refaire son sac et nous remontons stoïquement sous le crachin et la froidure au camp d'altitude en début de soirée, où sont déjà les autres, tous confiant dans la météo de demain... ouais, faut y croire...


Dimanche 19/9. Décidément, la météo devient le principal sujet de conversation... C'est que d'elle dépend notre programme, notre moral et notre santé aussi. Mais faut-il croire en cette religion ?! En tout cas, les prédictions de la nuit passée et du jour ne sont pas vraiment au rdv :-( Ca n'empêchera pas une nouvelle incursion dans Los Amigos pour le déséquipement du grand puits (la centaine de m) par P et A en cie de Lieven qui le découvre.

Était envisagée une incursion dans Tormenta sur laquelle on a fait une croix cette année vu l'instabilité du temps, pour récupérer le kit inaccessible hier dans la zone flottée mais on finit par conclure que ça n'irait pas vraiment mieux aujourd'hui. Contrariant au possible ! Reporter ça, c'est aussi reporter la reprise de Banco beaucoup plus bas sur le lapiaz où une fois sur place, il est bien plus commode d'y laisser sont matos...

Erik émet l'idée de profiter de quelques petites éclaircies pour aller vérifier quelques phénomènes repérés entre Amigos et l'autoroute du soleil", zone peu prospectée et truffée de fissures. Xtof embraye le pas et plutôt que de glander au camp, je les accompagne sans autre ambition que de fouiner en surface et faire des photos.

Premier stop sur un entonnoir au bas duquel se cache une petite salle avec névé mais aucune suite. Ce sera l'AN457.

Plus haut, un P25 étroit, marqué AN458, est descendu jusqu'à colmatage. Juste à côté, un vieux marquage rond (probablement de l'époque ESS) est évidemment fait. RAS. Je retrouve aussi un AN53 descendu a l'époque, mais inconnu de la base de données actuelle. Prise de coordonnées, puis le crachin étant de retour, rentrée au camp.

Nouvelle consultation, via la 3G momentanément disponible, de tous les dieux du ciel qui confirment de la pluie partout pour demain. Inutile d'insister, on redescend fin d'après midi au chalet... Avec la perspective que ça s'améliorera dès mardi pour le reste de la semaine.




Lundi 20/9, y'a pas a dire, on a bien fait de se replier au chalet et vaquer à quelques occupations en attendant que ça passe.

Mais là, il est 18h et le radar météo semble indiquer que les précipitations touchent à leur fin. On est presque décidés, en tout cas prêts, à remonter au camp avant la nuit, question d'être d'attaque demain directement de là haut.

19h : le front est paresseux et n'avance pas assez vite. Avec le brouillard et la nuit qui se pointent, ça ne le fera pas ce soir. Kurba ! (pour le dire en polonais)




Mardi 21/9. Après la journée de hier bloqués au chalet, on s'est levés de bonne heure pour remonter là haut. Une heure quart avec un temps maussade et vraiment froid, qui durera toute la journée malgré ce qui était annoncé. : Miss Météo joue décidément avec nos c******s !

La Sima Banco ne peux plus attendre... avec Lieven, chargés de nos équipements persos etc., nous effectuons la marche d'approche d'une bonne demi-heure en descente jusqu'à l'entrée, perdue sur le lapiaz dans brouillard. Sans repère visible, je suis content de retomber dessus sans chercher.

On ne traîne pas pour se changer...Je descend premier en équipant. Deux C50, une C5, 25 amarrages et quelques déviations mis en place, nous sommes à pied d'œuvre. Il fait vraiment humide et le courant d'air aidant, il fait glacial.

Objectif : continuer à ouvrir le "coffre fort" sur lequel Frits et Steph se sont déjà énormément acharnés en août et qui défend un puits de X dizaines de mètres.

C'est Lieven qui entreprend la tâche pour commencer, question de se réchauffer, après quoi je prends le relais pour fignoler le gros œuvre.

La séance ne suffira pas pour passer aujourd'hui. Fin d'après midi, transis tous les deux, on s'extrait du trou et sans flâner, on remonte au camp, où, faute d'avoir bu et mangé assez, j'arrive pour ma part bien cuit ...

Eric nous a quitté pour redescendre au chalet et prendre demain la route du retour en Belgique. Il a cependant terminé en beauté en allant avec Xtof rechercher le matos dans Tormenta, finalement pas trop mouillé.

Paul et Annette ont eux été faire des acrobaties dans un puits parallèle de la partie supérieure de los Amigos. Le grand puits "extraordinaire" l'est du coup encore plus par là !

Emmitouflés dans nos doudounes, le souper en terrasse sera vite expédié pour se réfugier dans nos sacs de couchage, en se promettant de n'en sortir qu'avec du soleil sur la tente !




Mercredi 22/9. Nous avons fait un tour d'horloge au lit...Avec tantôt du vent, tantôt la pluie qui secouaient les tentes. Et pour finir un retour au calme en seconde partie de nuit. Il fait sec et moins froid, on ne désespère pas de voir le soleil aujourd'hui.

Paul et Xtof vont prospecter. Annette leur fait un portage. Ils ne sont pas loin de Lieven et moi qui redescendons dans Banco. Une fois au terminus, je m'applique à forcer le coffre fort. Trois heures plus tard et la batterie de la foreuse vidée, il et ouvert ! Je ne pourrai cette fois que franchir le départ du puits pour apercevoir un beau tube cylindrique d'un gros mètre de diamètre sans voir le fond. La première sera pour demain !



Jeudi 23 septembre. Cette journée, nous allons à deux, Lieven et moi, la consacrer à la pointe dans la sima Banco. L'étroiture dite du coffre fort enfin franchie, nous allons voir où mène ce puits qui depuis le mois d'août hante les rêves de Frits et Steph. Rien à redire sur la météo même si la nuit a été froide, ce qui se ressent encore au petit déjeuner, le soleil mettant le temps avant d'illuminer notre perchoir.

Il est environ midi lorsque nous entrons dans le trou avec l'espoir de bien vite tomber à court de matériel, avec "arrêt sur rien".

Nous avons 80 m de cordes et une vingtaine d'amarrages + de quoi en principe forcer un ou l'autre passage récalcitrant. Évidemment, foreuse, accus, mèches, matos topo, trousse de secours, APN, bouffe. Bref, bien lestés.

Je suis à l'équipement. Deux goujons au départ du puits pour franchir l'élargissement du "coffre fort", encore deux au delà pour partir à la verticale dans le puits qui du mètre de diamètre va en s'élargissant. Beau ! Je remarque vite qu'avec un peu d'eau, ça pourrait être désagréable. Je fractionne à l'écart, puis place encore une déviation. A -20, je prends pieds sur une terrasse, le puits se divise en deux Lieven me rejoint. On nettoie les lieux puis je choisi d'aller d'abord vers la branche qui me paraît fossile. Dix mètres de descente et rebelote, ça se redivise en deux. Je vais au plus direct mais c'est un puits aveugle. Enfin, pas vraiment, il donne via un regard impénétrable sur l'autre. Je remonte et poursuis par l'autre ressaut. 5 m plus bas, les parois se rapprochent et m'empêchent d'en descendre encore autant. Marteau et burin ne suffisent pas à élargir l'obstacle. Je demande à Lieven la grande mèche de 8mm. "Quelle grande mèche ?", me répond il !?" Je n'ai pas.".."Hum, celle probablement restée en surface dans un sac... Je tente la manip avec une petite. Le fil électrique coupé me joue de tours, on perd du temps pour finalement n’obtenir aucun résultat. On commence à se les geler aussi? J'en reviens alors à faire des petits trous à la foreuse et Lieven se réchauffe en utilisant le burin comme éclateur. Quelques cm d'épaisseur ainsi grignotés, je passe limite sur descendeur déporté.

Comme je le soupçonnais vu d'en haut -mais je tenais à m'en assurer- le fond plat queute. Il y a bien une petite gouttière en roche pleine qui disparaît dans une fissure de 50 cm de haut, 10cm de large. Aucun courant d'air, pas d'écho. un maigre filet d'eau y disparaît. il vient d'un petite lucarne verticale, 3 m plus haut. Trop étroite pour le casque, je l'enlève, passe ma tête. Tout porte à croire à une cheminée. il y a cependant une plateforme à droite et impossible de voir derrière le coin . Un caillou lancé ne donne rien de concluant. A ouvrir ?

D'abord aller voir l'autre puits parallèle et où j'ai bon espoir de ne pas en voir la fin !

On topote ce morceau, on le déséquipe et je bascule de l'autre côté. Parois ici aussi bien compactes, luisantes d'humidité. Une déviation et j'arrive au bout de ma première corde. Fractio pour prendre à nouveau pied sur un palier. Dessous, encore un jet de 5m. Ca pue la fin..

Je descend sur un mono goujon. De fait, ici aussi, ça queute sur une lamentable fissure sans indice d'une moindre continuation proche.

Tout ça pour ça ! Suis dégoûté.



Sans réelles perspectives de suite, que faire ? Déséquiper ou pas ? J'en connais un qui aimerait certainement voir de ses propres yeux ! D'autres part, ce n'est pas dans les habitudes ici de laisser du matériel en place sans que ça le mérite à coup sûr. Ma première réflexion est qu'on a déjà délaissé d'autres terminus plus faciles à travailler dans des cavités voisines. Par exemple Esperanza.

Après marche d'approche, équipement, désob, topo, il est déjà 18h. Envie de remonter en faisant le minimum pour être au camp avant la nuit mais ça nous paraît sur le moment se débiner et stupide de remettre le déséquipement à l'an prochain, sans savoir comment ça tournera d'ici là. Alors, c'est décidé, on remonte en sortant cordes et amarrages + tout le branle. (*)

Lourdement chargé, Lieven passe devant, tube de marquage en main pour me permettre de lever la topo, tout en déséquipant. Un peu laborieux à deux, d'autant qu'il faut repasser les deux étroitures du coffre fort (une verticale, l'autre horizontale) et faire les levés à travers tout ça pour jonctionner avec le dernier point connu. Je dois avouer que je ne suis pas fan de la topo dans les verticales. Avec les changements de direction, c'est compliqué à dessiner, tant en coupe qu'en plan, tout ça pendu dans son baudard, à jongler avec disto, calepin, crayon, gants...Mais je m'applique.

Les deux tâches accomplies, on se retrouve avec deux sacs blindés. On décide d'en rester là, de sortir et remettre le déséquipement jusqu'à la sortie à demain, lorsqu'on viendra rechercher notre matériel perso puisque ce sera la dernière journée d'activité du camp.

En surface, nous sommes attendus (depuis deux heures...) par Paul et Xtof qui ont entamé un nouveau chantier a proximité, dans un trou au contact avec le calschiste (AN461). Annette était venue aussi mais déjà remontée au camp en faisant un portage.

Ni une ni deux, une fois les kits dehors, ils les chargent pour vite profiter des dernières lueurs du jour et malgré tout tout finir la marche de retour à la frontale.

Merci pour l'attente et le coup de mains les gars.

Sans prendre le temps de souffler, Lieven et moi nous nous déséquipons, rangeons notre matos à l'abri et, la nuit tombée, remontons à notre tour au camp. Et c'est là qu'on se rappelle à nouveau qu'on n'a plus 20 ans...

Photo PDB

(*) la frustration un peu oubliée, après coup, je pense qu'aller revoir les fond dans les moindres détails s'imposent avant de classer ou pas définitivement le trou comme sans suite. Trop bien placé, ce serait bête de n'avoir pas tout essayé ou d'avoir loupé quelque chose, tout s'étant enchaîné un peu trop vite dans la précipitation de fin de camp.

Vendredi 24. Le séjour touche à sa fin. Ce soir, nous devrons redescendre au Chalet en effectuant un premier portage de tout ce qui doit rentrer au pays. Ce sera notamment nos effets personnels mais aussi du collectif.

Le baromètre est au beau fixe pour la journée, pour preuve Lieven est en short, ce qui constitue une référence fiable !

Du coup, la priorité est mise sur le séchage et démontage des tentes, opération orchestrée par Annette. Nettoyage de cordes aussi et rangement divers nous occupent Lieven et moi encore la matinée.

Paul et Xtof mette cette dernière journée à profit pour aller continuer à bosser sur le prometteur AN 461, et entre les coups, en une heure, sortir le matériel de -60 dans Banco.





Lieven et moi les rejoignons dans l'après midi en passant, pour changer, par les crêtes, ce qui nous permet de profiter d'un sublime paysage. On récupère notre matos perso laissé à l'entrée de l' AN 456. Je donne un coup de main bienvenu dans ce qui sera la Sima Pequeña, puis nous nous répartissons le matériel pour remonter fin d'après midi au camp via ce que j'appelle "l'autoroute de la mer" (de nuages) qui n'est autre que le grand ravin qui permet de descendre en direct vers le secteur aval.

Une dernière soupe ou pâtes chinoises avalées, nos sacs chargés au maximum, il ne nous reste plus qu'à repasser en France, descendre à Pescamou et ensuite en auto au Bracas.

Une bonne douche, un bon repas, une bonne nuit et nous serons d'attaque demain pour le dernier A/R au camp en vue du démontage final et un ultime portage.




Samedi 24 septembre, Impossible aujourd'hui de franchir le passage de la "touwje", vire horizontale à 40 mètres de haut qui permet d'atteindre en direct le lapiaz... un vent à décorner les isards ! (rafales de 100km/h bien fait...) Il a fallu passer par un détour pour atteindre le camp pour le déséquiper et faire le dernier portage de retour Heureusement que nous avions démonté les tentes hier, d'autant qu'il y a eu un gros orage la nuit. Mais au final, on s'en est bien sorti. Surtout Annette, notre poids plume qui était dans ses petits souliers.

De retour en milieu d'après midi au chalet, Lieven émet l'idée de reprendre la route dès ce soir, ce que nous ferons Xtof, lui et moi, de nuit, en un temps record (11h pour Gand). Paul et Annette optent pour faire le retour le lendemain dimanche, avec malheureusement beaucoup de trafic.

Anialarra 2021 est terminé. C'était la 25eme année ...

Jack-Annette-Krzysztof-Erik-Lieven
Paul