Profitant d'une petite semaine de congés, Christophe et Jack s'étaient organisés pour mettre sur pied avec Daniel Colliard (SC Cavernicoles/Lyon) un mini-trip sur le Criou (commune de Samoëns, Haute-Savoie) et plus précisément au Gouffre Mirolda. Fort de l'expérience des deux précédentes descentes hivernales (2006 et 2007) coordonnées par notre "correspondant" belge Richard Grebeude (SCB/GSAB), il avait été convenu d'effectuer un portage en période estivale jusqu'au bivouac de -600, question d'y stocker un maximum du matériel qui servirait à la prochaine tentative de plongée au fond du réseau.
Appelés en renfort, Gaëtan Rochez, Laurent Ergo et Stéphane Pire s'étaient laissés tenter par l'aventure. Et question de faire profiter amis et compagnes de ce séjour en montagne, nous accompagnaient Françoise Esser, Michel et Marie Doyen ainsi que Roberto Castillo Nishimura, notre cumpadre mexicain fraîchement débarqué sur le sol européen la veille du départ.
C'est le 21 juillet que nous quittons la Belgique chacun dans notre coin. Et pour ma part, avec une grosse frayeur dès la montée sur l'autoroute, suite à l'éclatement d'un pneu et de ce fait, fête nationale oblige, avec 800 km a faire sans roue de rechange en état.
La nuit se passe tantôt au F1 à Pontarlier, tantôt dans un hotel 3* à Samoëns et pour le GRPS à l'abri de la gare des télécabines, au bord du Haut Giffre ... en super crue.
Dimanche 22 : le RDV a lieu à la fontaine du Vallon d'En Haut. Tandis que Daniel s'occupe d'aller avec le GRPS prendre des échantillons témoins et de placer des fluocapteurs au bord de l'Arve en amont de Cluses, le reste de la troupe entame la montée aux Chalets du Criou. Petite pause aux chalets du Trot pour faire la connaissance de Régine et Christian Deplace qui durant tout l'été s'occupent des troupeaux. Le temps d'une petite tartelette aux myrtilles et nous sommes rejoints par les autres montés en jeep avec tous les sacs. Du coup, Daniel étant ami avec les Deplace, nous avons droit à quelques gouttes de poire et pomme de leur fabrication ! Mais le chemin menant à notre refuge étant sinueux, personne ne se rendra compte qu'on ne marchait plus vraiment droit...
Installés pour certains dans le chalet de Tristan (grand merci à lui pour sa confiance !), et pour les autres dans celui du club spéléo, nous passons enfin au diner qui nous remet d'aplomb. Nous profitons de la fin de journée pour aller déposer notre mato à l'entrée du trou, ce qui nous économisera quelque peu pour la grosse sortie prévue demain.
Lundi : le beau temps est toujours là mais les prévisions météo annoncent de l'orage pour la fin de journée. Il est clair que nous ne pourrons pas prendre le risque de descendre au delà de -400. Peu d'espoir donc de faire descendre beaucoup plus bas le mato laissé vers -300 cet hiver et destiné à rejoindre le fond. Qu'à cela ne tienne, nous avions prévu cette éventualité et ferons donc du rééquipement, ce qui ne sera pas un luxe. Par ailleurs, nous avons l'intention, vous l'aviez deviné, de tenter un mini traçage, question de voir si la théorie de Daniel pourrait être démontrée tout simplement sans avoir à mettre en place une grosse campagne de mesure.
Chargés de notre nouvelle foreuse Hilti dans son bidon étanche, de cordes neuves et d'une volée de goujons, nous nous engageons donc dans les étroits conduits d'entrée. Un stock d'eau est mis en place à -20 (à l'abri du gel) pour la prochaine escapade hivernale. Commence ensuite la longue procession dans les puits et ressauts qui mènent à la rivière "majestueuse". Au passage, nous fixons quelques marche-pieds métalliques pour faciliter la progression dans les banquettes obliques.
A -180, c'est un maigre filet d'eau (estimé tout au plus à 1L/sec) qui nous accueille et nous permet d'effectuer illico l'injection de l'uranine (150 grammes). Il est +/-14 heures.
Petite collation sur le pouce et c'est reparti en suivant le fil conducteur fluo qu'est le ruisseau.
Goujons après goujons, mains courantes, sommets de puits et fractios sont améliorés patiemment jusqu'à atteindre le bivouac de -250.
Petite soupe, déchaulage et nous nous enfilons dans cette petite merde qu'est la chatière verticale qui suit et que nous regretterons bien de ne pas avoir rééquipé dans la foulée (à faire !). A -300, chacun poigne dans un des sacs et l'amélioration des amarrages se poursuit. Des nouvelles cordes sont mises en place et les MC sont doublées avec les cordes jugées encore bonnes à ça. De nouveaux maillons bien graissés sont aussi installés là où c'est nécessaire. En fin d'après midi, nous avons rejoint la rivière "tonitruante". Aucun signe annonçant la pluie prévue à l'extérieur. Nous pressons le pas pour aller jusqu'à la série de cascades que Daniel aimerait vraiment aménager définitivement hors crue car problématiques à franchir par gros bouillon, ce qui pourrait compromettre le retour d'une future pointe.
Le premier obstacle en question est en effet un sale truc à équiper car pour atteindre le premier fractio déporté, il faut penduler en traversant la cascade. J'ai beau m'éreinter à trouver une parade, impossible de trouver 10 cm2 de roche saine pour remédier à cette situation. Je ne peux finalement que doubler sur de longs goujons inox les antédiluviens ancrages en place et descendre enfin à l'écart de la cascade.
Daniel, Christophe et Stéphane à peine à mes côtés pour négocier le puits suivant, un bruit sourd se fait entendre. Serait-ce l'eau qui monte comme il fallait s'y attendre ? Pas le temps de se poser plus de questions, les cris de Gaëtan (engagé sur la corde) et Lolo (toujours en haut) sont immédiatement couverts par le tonnerre d'une vague de crue. En quelques secondes, le débit passe de qq litres/sec à un demi/m3.
Quelques gros mots sortis de la bouche de Daniel parviennent à couvrir le vacarme ! On a l'air fins... En deux temps trois mouvements, c'est la fuite. Je remonte en premier. Aux bloqueurs mais en gratonnant pour m'écarter des embruns, j'avale la première longueur +/- à l'abri. Reste à franchir la queue de cheval sans se faire assommer par l'eau. Heureusement, en calculant bien son coup, la manœuvre est faisable. Rassurés de me voir passer sans problèmes, les autres suivent alors chacun à leur tour tandis que les repères montrent que l'eau continue à monter....
Voilà qui mis fin à notre progression pour cette fois. Restait à reprendre de l'altitude à notre aise grâce aux équipements remaniés, la rivière "tonitruante" qui n'aura jamais si bien porté son nom !
Quant au traceur qui jusque là se trainait, inutile de vous faire un dessin, ce coup de chasse l'aura poussé à la vitesse v/v' vers les exutoires du réseau. Une bonne nouvelle en soi dans le cadre de notre expérience !
Quelle heure était-il une fois dehors ? Deux heures du mat' bien sonnés et c'est par un ciel étoilé que nous sommes redescendus au chalet pour une bonne grosse tambouille bien méritée...
Mardi : nullement surpris par le récit de notre mésaventure, nos compagnons restés en surface nous confirment évidemment qu'un orage violent s'était bel et bien abattu sur le massif. Nous apprendrons dans la vallée les dégâts important d'ailleurs occasionnés par le Haut-Giffre, en amont de Sixt, sur la route menant au cirque du Bout du Monde.
A peine le petit déj' avalé, Bando nous quitte pour rentrer en Suisse, suivi en début d'après-midi par Michel et Marie qui doivent rentrer en Belgique, les autres ayant opté pour profiter encore toute la journée de la tranquillité et de la beauté des lieux.
Mercredi : la météo est revenue au beau fixe et ce pour quelques jours... Mais nous devons cependant nous en aller. On se console en se disant que les circulations souterraines mettront du temps avant de retrouver l'étiage... Peut-être qu'en septembre ?... Pas pour nous en tout cas. Faudra voir avec Richard.
Une fois dans la vallée, çad après le passage obligé (et très apprécié !) au Trot chez Christian, suivi d'un crochet instructif à Péteret et enfin du pot d'adieu siroté sur la place de Samoëns, pas question de reprendre la route sans aller relever les fluocapteurs "chez Patty" et "chez Gaby" qui seront quelques jours plus tard analysés par Philippe Meus que nous remercions chaleureusement pour son assistance technique.
Le verdict : aucune trace de fluo détectée jusqu'au jeudi midi, date des derniers relevés effectués par Jack resté dans le coin pour se balader sur le désert de Platé. Un résultat négatif donc mais qui ne signifie pas pour autant que l'exutoire supposé n'est pas le bon ou tout du moins dans la vallée de l'Arve. Pour en avoir le coeur net, il faudra remettre ça, avec peut-être une plus forte dose, en y consacrant aussi plus de temps, avec surtout une méthodologie plus élaborée et un maximum de points de surveillance tout au long du Giffre et de l'Arve, question que rien ne nous échappe.
Ma conclusion sera que les explos au Criou restent passionnantes à tout point de vue.
Appelés en renfort, Gaëtan Rochez, Laurent Ergo et Stéphane Pire s'étaient laissés tenter par l'aventure. Et question de faire profiter amis et compagnes de ce séjour en montagne, nous accompagnaient Françoise Esser, Michel et Marie Doyen ainsi que Roberto Castillo Nishimura, notre cumpadre mexicain fraîchement débarqué sur le sol européen la veille du départ.
C'est le 21 juillet que nous quittons la Belgique chacun dans notre coin. Et pour ma part, avec une grosse frayeur dès la montée sur l'autoroute, suite à l'éclatement d'un pneu et de ce fait, fête nationale oblige, avec 800 km a faire sans roue de rechange en état.
La nuit se passe tantôt au F1 à Pontarlier, tantôt dans un hotel 3* à Samoëns et pour le GRPS à l'abri de la gare des télécabines, au bord du Haut Giffre ... en super crue.
Dimanche 22 : le RDV a lieu à la fontaine du Vallon d'En Haut. Tandis que Daniel s'occupe d'aller avec le GRPS prendre des échantillons témoins et de placer des fluocapteurs au bord de l'Arve en amont de Cluses, le reste de la troupe entame la montée aux Chalets du Criou. Petite pause aux chalets du Trot pour faire la connaissance de Régine et Christian Deplace qui durant tout l'été s'occupent des troupeaux. Le temps d'une petite tartelette aux myrtilles et nous sommes rejoints par les autres montés en jeep avec tous les sacs. Du coup, Daniel étant ami avec les Deplace, nous avons droit à quelques gouttes de poire et pomme de leur fabrication ! Mais le chemin menant à notre refuge étant sinueux, personne ne se rendra compte qu'on ne marchait plus vraiment droit...
Installés pour certains dans le chalet de Tristan (grand merci à lui pour sa confiance !), et pour les autres dans celui du club spéléo, nous passons enfin au diner qui nous remet d'aplomb. Nous profitons de la fin de journée pour aller déposer notre mato à l'entrée du trou, ce qui nous économisera quelque peu pour la grosse sortie prévue demain.
Lundi : le beau temps est toujours là mais les prévisions météo annoncent de l'orage pour la fin de journée. Il est clair que nous ne pourrons pas prendre le risque de descendre au delà de -400. Peu d'espoir donc de faire descendre beaucoup plus bas le mato laissé vers -300 cet hiver et destiné à rejoindre le fond. Qu'à cela ne tienne, nous avions prévu cette éventualité et ferons donc du rééquipement, ce qui ne sera pas un luxe. Par ailleurs, nous avons l'intention, vous l'aviez deviné, de tenter un mini traçage, question de voir si la théorie de Daniel pourrait être démontrée tout simplement sans avoir à mettre en place une grosse campagne de mesure.
Chargés de notre nouvelle foreuse Hilti dans son bidon étanche, de cordes neuves et d'une volée de goujons, nous nous engageons donc dans les étroits conduits d'entrée. Un stock d'eau est mis en place à -20 (à l'abri du gel) pour la prochaine escapade hivernale. Commence ensuite la longue procession dans les puits et ressauts qui mènent à la rivière "majestueuse". Au passage, nous fixons quelques marche-pieds métalliques pour faciliter la progression dans les banquettes obliques.
A -180, c'est un maigre filet d'eau (estimé tout au plus à 1L/sec) qui nous accueille et nous permet d'effectuer illico l'injection de l'uranine (150 grammes). Il est +/-14 heures.
Petite collation sur le pouce et c'est reparti en suivant le fil conducteur fluo qu'est le ruisseau.
Goujons après goujons, mains courantes, sommets de puits et fractios sont améliorés patiemment jusqu'à atteindre le bivouac de -250.
Petite soupe, déchaulage et nous nous enfilons dans cette petite merde qu'est la chatière verticale qui suit et que nous regretterons bien de ne pas avoir rééquipé dans la foulée (à faire !). A -300, chacun poigne dans un des sacs et l'amélioration des amarrages se poursuit. Des nouvelles cordes sont mises en place et les MC sont doublées avec les cordes jugées encore bonnes à ça. De nouveaux maillons bien graissés sont aussi installés là où c'est nécessaire. En fin d'après midi, nous avons rejoint la rivière "tonitruante". Aucun signe annonçant la pluie prévue à l'extérieur. Nous pressons le pas pour aller jusqu'à la série de cascades que Daniel aimerait vraiment aménager définitivement hors crue car problématiques à franchir par gros bouillon, ce qui pourrait compromettre le retour d'une future pointe.
Le premier obstacle en question est en effet un sale truc à équiper car pour atteindre le premier fractio déporté, il faut penduler en traversant la cascade. J'ai beau m'éreinter à trouver une parade, impossible de trouver 10 cm2 de roche saine pour remédier à cette situation. Je ne peux finalement que doubler sur de longs goujons inox les antédiluviens ancrages en place et descendre enfin à l'écart de la cascade.
Daniel, Christophe et Stéphane à peine à mes côtés pour négocier le puits suivant, un bruit sourd se fait entendre. Serait-ce l'eau qui monte comme il fallait s'y attendre ? Pas le temps de se poser plus de questions, les cris de Gaëtan (engagé sur la corde) et Lolo (toujours en haut) sont immédiatement couverts par le tonnerre d'une vague de crue. En quelques secondes, le débit passe de qq litres/sec à un demi/m3.
Quelques gros mots sortis de la bouche de Daniel parviennent à couvrir le vacarme ! On a l'air fins... En deux temps trois mouvements, c'est la fuite. Je remonte en premier. Aux bloqueurs mais en gratonnant pour m'écarter des embruns, j'avale la première longueur +/- à l'abri. Reste à franchir la queue de cheval sans se faire assommer par l'eau. Heureusement, en calculant bien son coup, la manœuvre est faisable. Rassurés de me voir passer sans problèmes, les autres suivent alors chacun à leur tour tandis que les repères montrent que l'eau continue à monter....
Voilà qui mis fin à notre progression pour cette fois. Restait à reprendre de l'altitude à notre aise grâce aux équipements remaniés, la rivière "tonitruante" qui n'aura jamais si bien porté son nom !
Quant au traceur qui jusque là se trainait, inutile de vous faire un dessin, ce coup de chasse l'aura poussé à la vitesse v/v' vers les exutoires du réseau. Une bonne nouvelle en soi dans le cadre de notre expérience !
Quelle heure était-il une fois dehors ? Deux heures du mat' bien sonnés et c'est par un ciel étoilé que nous sommes redescendus au chalet pour une bonne grosse tambouille bien méritée...
Mardi : nullement surpris par le récit de notre mésaventure, nos compagnons restés en surface nous confirment évidemment qu'un orage violent s'était bel et bien abattu sur le massif. Nous apprendrons dans la vallée les dégâts important d'ailleurs occasionnés par le Haut-Giffre, en amont de Sixt, sur la route menant au cirque du Bout du Monde.
A peine le petit déj' avalé, Bando nous quitte pour rentrer en Suisse, suivi en début d'après-midi par Michel et Marie qui doivent rentrer en Belgique, les autres ayant opté pour profiter encore toute la journée de la tranquillité et de la beauté des lieux.
Mercredi : la météo est revenue au beau fixe et ce pour quelques jours... Mais nous devons cependant nous en aller. On se console en se disant que les circulations souterraines mettront du temps avant de retrouver l'étiage... Peut-être qu'en septembre ?... Pas pour nous en tout cas. Faudra voir avec Richard.
Une fois dans la vallée, çad après le passage obligé (et très apprécié !) au Trot chez Christian, suivi d'un crochet instructif à Péteret et enfin du pot d'adieu siroté sur la place de Samoëns, pas question de reprendre la route sans aller relever les fluocapteurs "chez Patty" et "chez Gaby" qui seront quelques jours plus tard analysés par Philippe Meus que nous remercions chaleureusement pour son assistance technique.
Le verdict : aucune trace de fluo détectée jusqu'au jeudi midi, date des derniers relevés effectués par Jack resté dans le coin pour se balader sur le désert de Platé. Un résultat négatif donc mais qui ne signifie pas pour autant que l'exutoire supposé n'est pas le bon ou tout du moins dans la vallée de l'Arve. Pour en avoir le coeur net, il faudra remettre ça, avec peut-être une plus forte dose, en y consacrant aussi plus de temps, avec surtout une méthodologie plus élaborée et un maximum de points de surveillance tout au long du Giffre et de l'Arve, question que rien ne nous échappe.
Ma conclusion sera que les explos au Criou restent passionnantes à tout point de vue.
Voyez aussi les "actus" sur le site du
Groupe des Roteurs et Peteurs Sympathiques
mais aussi
la galerie photos Picaweb de Gaëtan Rochez
Merci pour ses clichés illustrant cet article
Groupe des Roteurs et Peteurs Sympathiques
mais aussi
la galerie photos Picaweb de Gaëtan Rochez
Merci pour ses clichés illustrant cet article
3 commentaires:
Bonjour,
Je cherche à contacter la personne qui à organiser les explo au Mirolda.
Est-ce que vous pourriez me renseigner sur cette personne ?
Merci.
David PARROT
Bonjour,
Il s'agit de Daniel Colliard, du SC Cavernicoles à Lyon.
Contactez moi via continent7(*)scarlet.be pour connaitre ses coordonnées.
Des projets en vue là haut ?
Cordialelement
JC London
Bonjour Jean Claude,
Pouvez vous me donner une adresse valide pour vous contacter, j'aimerais avoir des info sur le Mirolda, svp.
Merci
Amandine
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