Alors qu'avait lieu ce 15 juillet le traditionnel Big Jump aux grottes de Han sur Lesse, le programme de Michel Pauwels, Jacques Petit et moi-même était tout autre. Un autre grand saut dans l'eau mais sous terre. Un programme commun à celui du SC Avalon qui s'était levé tôt pour aller préparer le terrain et permettre ainsi à la paire de plongeurs d'aller "jardiner" post S6 au chantoir de Fagnoules. Le luxe étant qu'aujourd'hui, ce siphon est le seul qu'ils auront normalement à franchir pour atteindre la pointe.
En effet, rodés aux savantes opérations de pompage et aux travaux miniers qui avaient permit de transformer le siphon "ex-terminal" en un siphon "exterminé", nos amis flamands s'était attaqués à l'obstacle aval suivant : le siphon Moche (S5 dans la série). Après avoir épuisé toutes les possibilités de désobstruction classiques, ils s'étaient dernièrement risqués à une nouvelle manipulation pour passer derrière ce laminoir noyé décrit comme étant relativement court mais surtout peu profond et suivi de cascatelles.
Tout le matériel (tuyaux, pompes, lignes électrique) ayant servi en amont acheminés vers l'aval, et les tuyaux passés de l'autre côté du siphon lors d'une plongée précédente, la manœuvre avait consisté à pomper l'eau au delà de l'obstacle. Mais malgré deux pompes, le débit de la rivière avait eu le dessus et il avait alors fallu l'idée pour le moins originale de faire un barrage en amont du siphon. Le ruisseau momentanément arrêté et stocké dans la large galerie, le siphon avait pu ainsi être vidangé pendant quelques courts instants et déblayé des sédiments qui gênaient le passage. Après plusieurs scénarios du genre, Paul De Bie avait ensuite estimé qu'il disposait de 3 minutes pour passer derrière à l'air libre en tirant un gros tuyau qui pourrait servir ensuite à canaliser le ruisseau à travers le pertuis. 3 minutes pour un aller retour évidemment ! Ce qu'il fit... en prenant 15 minutes après pour se ravoir !
Restait alors à drainer au mieux le ruisseau dans ce tuyau de 15 cm au départ d'un second barrage situé au sommet de la grande cascade. Ce coup de maitre réussi, les spéléos avaient pu aller voir, topographier et explorer en détail.
L'objectif aujourd'hui, outre la désob par les plongeurs du boyau qui à coup sûr devrait permettre de shunter le S7, minable et impénétrable, est de répéter l'opération effectuée dans le siphon 6.
Quand nous arrivons à Awagne vers 11 h, le comité d'accueil est là : Annette (honneur aux dames !), Paul, Dago, Dirk et Bart. Ils ont déjà fait une descente au fond pour recanaliser le ruisseau, amorcer les pompes et ainsi vider non sans mal le siphon moche. Au bord de la doline, le groupe électrogène ronronne. Que de mato quand même... que d'euros investi dans ce trou.
Venu pour aider en dernière minute au portage, faire au passage quelques photos et aussi m'imprégner de l'ambiance en vue d'un articulet pour le Regards, je suis là un peu en touriste. Comme lors de ma première visite, je n'ai pas juger utile d'emporter ma néoprène. Mais à voir la tenue de mes amis, il y a un blême. Tous me voient déjà franchir le siphon ex-terminé en calebar car, ce que j'ignorais, c'est que mis au gabarit d'un petit tunnel, c'est maintenant une voûte basse de 10 mètres de long qu'il faut franchir...
Nous sommes huit et autant de kits, chargés comme il se doit. Le temps d'égarer une petit massette qui me vaudra 2 passages supplémentaire du fameux siphon exterminé, en sondant le fond par dessus le marché, et nous passons ce fameux siphon Moche désamorcé avec tout le bardas. Une fois encore, on peut réaliser la hardiesse de Jacques et Michel d'avoir franchi ça sous l'eau, dans la boue...
Tandis qu'ils s'équipent pour le même genre de prouesse dans le S6, c'est la course pour aller rechercher loin en arrière les longs tuyaux super encombrants qu'ils auront à passer. Mauvaise concertation, mauvaise compréhension, trop concentrés sur leur objectif, quand nous revenons, ils ne nous ont pas attendus, il sont partis... Déception... il y avait tout pour tenter de les suivre sans s'immerger et les aider à attaquer le chantier suivant.
Reste plus qu'à attendre leur retour. Mon premier soucis, enfiler mes vêtements secs car en petite tenue Tribord, je commence à cailler ferme. Les autres s'occupent de colmater au mieux le barrage qui laisse passer une partie du débit. Je donne ensuite un coup de main à Paul bien décidé à faire le nécessaire pour qu'on n'aie plus à parler d'un siphon moche mais bien d'un siphon amoché.
C'est deux bonnes heures plus tard que réapparaissent les deux pointus. Michel qui avait vu trop mince au niveau des couches est frigorifié. Et ce n'est pas faute d'avoir gratté pour s'insinuer au delà du fameux boyau. Cette troisième séance ne sera cependant pas la bonne. Malgré une tentative sans sa néoprène, il s'est fallu d'un sternum pour que Jacques passe... Mais rien à faire, la roche en place a eu raison de sa motivation. Forcément, derrière ça continue et ils entendent la rivière...
La prochaine fois sera peut-être la bonne ? En attendant, tout le monde aspirent à retrouver les rayons du soleil. Le souffle de la première dans le dos, nous faisons demi-tour, direction Purnode et sa brasserie du Bocq !
Voir quelques un de mes autres clichés sur la galerie photos de Polleke
Le compte rendu (en néerlandais natuurlijk) sur le blog du SC Avalon
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