ANIALARRA Septembre 2017 - Premier épisode (La Verna)



14 heures de route et le budget qui va avec, c'est le prix à payer pour rejoindre le mythique massif de la Pierre-Saint-Martin, haut -lieu de la spéléologie mondiale, celle-ci étant coordonnée par l'ARSIP. 140 km carrés de calcaire sous lesquels sont déjà cartographiés plus de 440 kms de galeries avec des profondeurs pouvant atteindre ou dépasser les -1000m.

C'est là, sur la frontière, coté espagnol..., que l'interclubs belge, regroupé autour du noyau dur qu'est le SC Avalon, sévit sur le le secteur d'Anialarra depuis maintenant 20 ans, après que l'Equipe Spéléo St-Nicolas et d'autres précurseurs bien avant aient initié les explorations de cet incroyable lapiaz. A ce sujet, je ne saurais trop vous recommander de consulter le superbe bulletin ARSIP 18 où Paul De Bie a publié une synthèse remarquable.


En ce début septembre 2017, comme lors de l'édition 2016, c'est avec Frits que je rejoins Paul et Annette pour passer une semaine à poursuivre le boulot réalisé le mois passé, alors que j'étais non loin de là sur le Capéran avec Continent 7.

A notre arrivée le vendredi soir au chalet de l'Arsip sur le Bracas, nous retrouvons sous un ciel bien dégagé quelques "Amalgamins" (Alain B., Papou, Maxou, Régis, Véro, Sébastien) dont le projet est d'aller faire des photos dans le Puits Monstre (P258) de la Sima de los Ninos sur "notre" zone et ensuite le déséquiper.


Pescamou(illé !)
Malheureusement, le ciel se couvrira la nuit pour faire place au petit matin à un temps typique de la Pierre. Pas seulement du brouillard mais bien des pluies très soutenues. Bien qu'en son fort intérieur chacun pense qu'il vaudrait mieux ne pas démarrer, il n'est pas encore 9h que nous nous retrouvons tous à Pescamou au départ de la marche d'approche alors qu'il pleut des cordes. Mais au vu des conditions, un éclair de raison finira pas animer quelques esprits : nos décidons d'abandonner. Et de se retrouver au chalet à faire le point autour d'une tasse de café. Pour sauver la journée, Alain nous propose de descendre à la Salle de la Verna pour y faire des photos. Contrairement à Frits, la Verna et ses salles, je connais pour les avoir plusieurs fois visitées. Mais sa proposition de monter visiter la galerie du porche des "Zobstinés" ne peut se refuser !


On se retrouve donc rapidement en tenue devant la cabane Prebende à l'entrée du tunnel où le C.A. souffle toujours. A son débouché dans la salle, sur la plateforme, un dirigeable (l'Aéroplume) accroché à la rambarde attend son pilote qui devrait ce matin faire un vol de test dans l'immense vide souterrain. Dans l'obscurité, nous descendons vers la rivière que nous traversons pour chercher pendant un petit moment les 10 mm de diamètre de la corde qui pend plein pot du plafond au milieu de nul part !



Tandis que Alain, Maxou, Régis et Séba poursuivent leur chemin pour monter à Aranzadi, nous sommes quatre Véro, Papou, Frits et moi à nous tracter un après l'autre sur nos bloqueurs pour avaler en une vingtaine de minutes les 107 mètres qui nous séparent du porche. On a beau avoir l'habitude d'évoluer sur cordes, je reconnais pour ma part trouver la montée impressionnante. Évoluer à la verticale sur un bout de ficelle presque invisible dans le volume de 3.6 millions de m3 de la plus grande salle d'Europe (voir le site de La Verna), qui plus est éclairée dans tous les coins, ça n'a rien d'anodin. Franchement, j'ai regardé à deux fois à bien placer mon matos, j'ai fais gaffe à bien pomper pour éviter l'effet yoyo, à essayer d'accrocher mon regard à quelque chose lorsque ça tournoyait. Tout ça avec le bruit assourdissant de la cascade, la rivière se mettant tout doucement en crue. Difficile aussi dans cet environnement embué de savoir lorsque le copain est en haut. Merci à Papou pour les photos et à Véro pour sa vidéo



Respect en tout cas aux Z'obstinés qui ont réussi à atteindre ce porche (et d'autres d'ailleurs). 200 de MC  à installer pour traverser de part en part la salle en oblique dans un banc de bonne roche. Une escalade d'anthologie tant pour le grimpeur que pour ses assistants.



Le jeu en valait la chandelle puisque c'est une belle galerie horizontale qui se développe là-haut sur une cinquantaine de mètres. Elle est balayée aujourd'hui par un bon courant d'air soufflant, probablement dû à l'actif qui débouche des plafonds de la diaclase pincée tout du long. Au bout, Frits ne peut évidemment s'empêcher de se faufiler au plus loin possible, malgré le filet d'eau et les parois de moonmilch (faut bien baptiser sa nouvelle salopette !). Faut dire que je suis aussi curieux que lui ! Ici, il constate un léger courant d'air aspirant et conclut en disant que si nous étions dans une cavité belge,on reviendrait avec les outils appropriés pour ouvrir le pertuis terminal. Que n'avions-nous emporté ça..., sûr qu'on aurait fait au moins quelques mètres de plus !


Pas tout ça, faut redescendre... Lentement au début (poids de la corde), plus vite sur la fin... et cette fois dans le noir total, drôle d'impression. L'équipe de l'Aéroplume est ressortie de la grotte après un piqué-planté du dirigeable passé malencontreusement sous des pisserolles tombant du plafond... Évidemment, avec la météo exécrable qui sévit à l'extérieur, ça commence à tomber d'un peu partout... Incident sans heurt ni dégât heureusement.

A nouveau sur le plancher des aphaenops... (sont protégés...), je propose à Frits de monter nous aussi à Aranzadi, Pour l'atteindre, il faut varapper sur la paroi au niveau d'une goulotte pour l'instant très flottée, assuré tout du long au bloqueur sur une corde fixe en place (à noter un petit couac d'équipement au niveau d'un bombement où la corde frotte, une gaine pas pratique ne règle guère le problème).
La haut, bien que ce soit une galerie "fossile", il y a de l'ambiance avec l'arrivée d'un gros ruisseau débouchant du méandre Maria Dolores où Amalgame a des espoirs de jonction avec Xendako Ziloa. Frits comme à son habitude scrute les plafonds et autres départs aériens, se demandant si les escalades ont toute été réalisée ? N'y aurait-il pas encore quelque chose à tenter dans l'espoir de passer à un étage supérieur...Peu de chance, c'est l'endroit le plus fouillé de la grotte. N'empêche, la prochaine fois, on prendrait bien du matos et nos couchages pour passer la nuit ici !  ;-).

Nous ne nous aventurons pas très loin car Papou nous fait remarquer qu'avec cette crue, si on tarde trop, retraverser la rivière en bas pourrait devenir problématique. Et de fait, on en aura jusqu'aux genoux pour rejoindre le reste de l'équipe qui décide d'aller encore faire quelques photos en amont. Nous leur emboitons le pas pour ainsi monter à la centrale et ensuite traverser la salle Chevalier et pousser jusqu'à la salle Adélie.Une "rando" qui ne laisse jamais indifférent, surtout avec autant d'eau. Une ambiance que Alain immortalisera à travers quelques photos faites en pause avec balayage de spots.


Prise de vue @lain Bresan. Si j'avais su, j'aurais été me placer tout au bout sur l'éboulis du fond
Retour en surface vers 18h. Semblerait que la pluie ait cessé. On repasse à l'auberge Burguburu pour rendre la clé mais aussi faire vivre le commerce local, entendez par là prendre l'apéro, ce qui nous donne l'occasion de déguster la p'tite dernière de chez Akerbeltz, une blonde dont je n'ai pas retenu l'orthographe exacte mais qui en basque veut dire "foin" (même pas encore reprise sur le site akerbeltz.fr)

Retour au Chalet de l'Arsip où Paul et Annette viennent de rentrer. Profitant de quelques éclaircies dans l'après midi, ils ont en 3 heures de temps été monter les 2 tentes au camp d'altitude. Reste à savoir si nous pourrons aller nous y installer demain ? La météo n'augure rien de bon pour les jours qui viennent....

A suivre dans l'épisode 2 !




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